Prière de Réconfort

 

Pont

Quand la prière de consolation est-elle nécessaire ?

La souffrance est excessive ou lancinante : elle écrase la personne et l’empêche de vivre. Sa part d’innocence blessée est source d’une douleur persistante.

La souffrance occupe le devant de la scène. La personne pleure, semble inconsolable. Elle se plaint sans cesse, revient sur ses malheurs à chaque entretien, au point de gêner la relecture de vie. Elle n’arrive pas à prendre de recul, elle est submergée par l’émotion et ne peut plus ni réfléchir, ni discerner, ni donner sens à ce qu’elle vit… Elle semble immergée dans sa peine, comme figée dans son malheur, dans un état de prostration. Elle s’épuise, se fatigue rapidement, dort mal, a l’impression que le traumatisme vient de se passer.

Ce n’est pas tant la gravité objective de l’événement, que la manière de le vivre, qui justifie la prière de consolation.

C’est une priorité sinon la personne ne pourra pas entrer dans la suite de la démarche. La consolation permet à la personne de se sentir reconnue dans sa blessure et de reprendre possession de ses capacités humaines.

On distingue trois figures :

  1. Souffrance actuelle : un deuil récent, la découverte de l’infidélité du conjoint, une situation d’échec, une maladie grave, une perte d’emploi, etc.

  2. Souffrance réactivée à l’occasion de l’accueil et de l’entretien.

  3. Souffrance cachée qui conditionnait inconsciemment la personne et que l’Esprit Saint révèle : traumatisme concernant la conception, la naissance, la petite enfance…

 

Comment agit la consolation spirituelle ?

La consolation touche la part d’innocence de la personne (même si elle a engagé sa responsabilité dans l’événement évoqué). Elle met un baume sur le sentiment d’injustice subie.

Ex. de l’enfant agressé par son frère qui, après lui avoir rendu le coup, dit : « C’est lui qui a commencé ! » Les accompagnants reconnaissent, au nom de l’Eglise, « que c’est lui qui a commencé », ils accueillent la part d’injustice et de douleur, en demandant la consolation au Seigneur. Ils l’innocentent dans un premier temps, sans tenir compte pour le moment, du fait qu’il « a rendu le coup ».

Quand la blessure est précoce (avant quatre ans), l’inconscient a mis de côté des émotions violentes. Il n’y a pas de souffrance apparente. Lorsque le Seigneur dévoile l’événement, il console aussi la personne. Il arrive cependant que le dévoilement soit si fort qu’il crée comme une déflagration, voire même un effondrement psychique temporaire qui peut plonger la personne dans le désarroi et la révolte. L’accompagnant doit tenir compte de la normalité d’une telle réaction et respecter ce à quoi il assiste, sans consoler la personne à bon compte. C’est en allant au bout de ses émotions qu’elle se prédispose à laisser la grâce agir là où le cœur s’est le plus endurci.   

 

Quelle est la part d’implication personnelle ?

A ce stade, les accompagnants ne s’occupent pas de la responsabilité de la personne. Ils lui demandent uniquement si elle veut bien consentir à cette prière de consolation : son acquiescement est nécessaire. On accepte par ailleurs qu’elle soit passive : elle accueille la consolation et se laisse aimer tout simplement par le Seigneur et son Eglise. Avant d’aller de l’avant (prière de guérison ou de libération), il conviendra de s’assurer que la personne est prête à faire la vérité. Il y a des personnes qui ne veulent pas aller plus loin, qui ne souhaitent qu’une consolation ne désirant pas explorer la blessure : son origine, leur propre implication, leur responsabilité personnelle.

 

Et la colère ?

L’injustice subie suscite en principe une réaction de colère.

Si la colère est manifeste, la personne demande à être d’abord comprise dans sa colère, avant d’accepter d’être consolée. Ecouter d’abord attentivement la plainte, en autorisant la personne à exprimer sa colère (parler, crier, taper...). Une fois la colère exprimée, la personne est disponible pour se laisser consoler par le Christ et sortir du cercle des revendications.

Sortir du victimisme. Le chemin de guérison n’est possible que lorsque la personne quitte son statut de pure innocence en reconnaissant son implication : un fond d’agressivité qui a été généré en elle suite à l’injustice subie. Elle devra alors quitter ses besoins excessifs de consolation voire de vengeance pour envisager d’entrer dans un véritable désir de conversion. 

Il se peut que la personne n’ait pas encore accès à sa colère.

 

En conclusion

La prière de consolation porte sur la part d’innocence de la personne et tient compte de l’injustice qu’elle a subie. En atténuant la souffrance, elle donne accès aux émotions, ravive la capacité à se laisser aimer, redonne la possibilité d’être en vérité et de commencer à assumer sa part de responsabilité.

  1. Si, malgré la prière de consolation, la personne reste encore crispée sur sa souffrance sans pouvoir réagir, alors qu’elle désire entrer dans la démarche proposée ;

  2. Si son mal-être persiste malgré les bienfaits de la prière de consolation, si tout semble reprendre les allures d’un retour en arrière avec plainte et découragement, alors que la personne manifeste son désir de sortir du marasme qui la tenaille : envisager une prière de guérison et discerner l’indication d’une éventuelle délivrance.