Occulte : discerner

 

Un phénomène d’apparence ‘surnaturelle’ (inspiration, présage, vision, guérison miraculeuse, phénomènes mystiques, dons de prémonition, etc.) sous prétexte qu’il est inhabituel ou extraordinaire ou qu’il « fait du bien » ne doit pas laisser penser qu’il vient nécessairement de Dieu.

Plan

1. Trois origines doivent être envisagées

  • Origine naturelle
  • Origine préternaturelle
  • Origine surnaturelle

2. Questions  pour aider au discernement

3. Qu'en dit la Bible ? 

4. Qu'en dit l'Eglise ? 

 

 

1. Trois origines doivent être envisagées

 

Origine naturelle

A savoir, l’univers créé visible et matériel : l’humanité et le cosmos. Avant de se tourner vers une explication supranaturelle, il convient de :

Se demander si le phénomène est réel. Il s’agit de faire la différence entre un fait et l’interprétation qui lui est donnée.

Rechercher avant tout une cause naturelle, qu’elle soit :

 

(1) Une origine naturelle explicable

- Fraudes. Il ne faut pas mésestimer la place de la supercherie : supercherie, tromperie, trucage, mystification, charlatanisme capable de toucher des imaginations naïves ou travaillées par la croyance superstitieuse.

- Crédulité.  La suggestibilité a une grande place. Les pensées de certains ont une force étonnante d’influence et de persuasion sur d’autres. Par le crédit qu’on leur apporte, des paroles bienveillantes ou malveillantes deviennent auto-réalisatrices : ce qu’elles annoncent finit par s’accomplir (cf. effet placebo). Là réside l’efficacité de nombreuses démarches thérapeutiques alternatives.

- Hallucinations propres à certaines affections mentales : produisant des hallucinations, etc.

- Inconscient

 

(2) Une origine naturelle non encore élucidée

- Phénomènes naturels encore inexpliqués et trop rapidement considérés comme sataniques. Pensons à l’époque aux feux follets, etc.

- Hypothèse explicative quant au don de voyance. Certaines personnes auraient la capacité de pénétrer la mémoire des autres, d’accéder à leur inconscient. Cette capacité « innée » chez certains, serait « acquise » chez d’autres à travers des démarches occultes.

- La parapsychologie est une démarche qui se veut scientifique qui a pour objet les phénomènes non encore élucidés.

 

Si le phénomène semble contrevenir aux lois habituelles de la nature, au bon sens commun et ne trouve pas d’explication, nou sommes en droit d’aller plus loin dans la recherche d’une cause non naturelle.

 

Origine préternaturelle (= du monde invisible)

C’est ainsi qu’on désigne le monde créé invisible car purement spirituel. Préternaturel signifie « au-dessus » de la nature, à ne pas confonde avec le surnaturel.

Le phénomène provient d'une invocation :

 

(3) De bons anges

 

(4) Satan et ses démons

Ceux-ci s’y entendent pour réaliser de faux-miracles, fausses-guérisons par déplacement, manifestations sensibles, etc. ? L’action est alors préternaturelle maligne, ce qui signifie très simplement qu’elle provient du monde invisible créé bon par Dieu mais s'étant perverti depuis la révolte de certains anges. Saint Paul avertit : « Nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes » (Ep 6, 12).

Le disciple du Christ qui ne recherche pas l’extraordinaire et le merveileux se met déjà à l’abri de nombreuses tromperies du Diable.

Beaucoup de mages, magiciens, médium et sorciers prétendent s’appuyer sur des forces naturelles ignorant, ou feignant ignorer, qu’ils invoquent les démons. Cela n’en reste pas moins de la magie.

 

Origine surnaturelle

 

(5) Dieu-même

La Trinité Incréée.

 

 

 

 
 

 

 

 

2. Quelques questions pour aider au discernement

 

 

Comment est-ce venu ?

 

Les phénomènes (message, signe, anges, entités, etc.) ont-ils été recherchés ou sont-ils spontanés ?

- Les dons de Dieu (charismes) sont gratuits et spontanés, autrement dit nul ne peut se les procurer par soi-même. Il convient de ne pas attribuer à Dieu - C’est un don de Dieu ! - les capacités (coupeur de feu, etc.) et autres pouvoirs (de guérison, etc.) hérités ou obtenus par des techniques (recherche personnelle ou initiation, souvent dissimulées).

- S’il est vrai qu’il n’y a pas de technique pour acquérir des dons de Dieu, par contre, il n’y pas de dons divins véritables sans une vie de prière authentique. Les dons reçus hors de ce contexte d’amitié avec Dieu sont suspects. C’est là une condition nécessaire mais pas suffisante : tout ce qui survient de « surnaturel » dans une vie de prière ne vient pas nécessairement de Dieu.

 

 

Ce qui est reçu est-il en concordance avec l'Evangile ?

 

Si ce qui est reçu est en contradiction avec la Révélation ou à la sagesse de l’Eglise, c’est très sûrement inauthentique. Par exemple, l’affirmation de l’Evangile quant au retour du Christ : « Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges des cieux, pas même le Fils, mais seulement le Père, et lui seul. » (Mt 24, 36), permet de négliger les annonces de fin du monde et autres millénarismes.

 

 

Où cela mène-t-il ?

 

C’est l’élément important du discernement.

- La marque de Dieu est de susciter pas seulement de manière immédiate davantage d’amour, de paix, de foi, d’unification intérieure. La tradition spirituelle parle de consolation. La paix ressentie immédiatement ne suffit pas à affirmer que « C’est de Dieu » !

- La marque de l’ennemi est, in fine, de séparer de Dieu, de tirer vers le bas, vers la mort, de détruire les relations, de diviser, d’anémier, de fragiliser la personne, de fragiliser davantage ses points faibles. La tradition spirituelle parle de désolation.

Une règle de discernement énonce : « C’est le propre de Dieu et de ses Anges, lorsqu’ils agissent dans une âme, d’en bannir le trouble et la tristesse que l’ennemi s’efforce d’y introduire, et d’y répandre la véritable allégresse et la vraie joie spirituelle. Au contraire, c’est le propre de l’ennemi de combattre cette joie et cette consolation intérieure, par des raisons apparentes, des subtilités et de continuelles illusions. »       St Ignace – Exercices spirituels - Règle n°329.

 

La tactique du Diable : dire le vrai pour semer le faux

 

Les démons disent aussi le vrai (ex. Ac 16, 16-18). Par eux, le voyant accède à une certaine connaissance du passé et du présent du consultant ou d’un défunt. Attention ! Les anges, bons ou mauvais, ne connaissent pas l’avenir, seulement le passé. Cette connaissance impressionne le consultant et accrédite le voyant à ses yeux, le voilà prêt à accueillir sans plus de réticence des pseudo-révélations concernant son avenir. La vérité d’un message ne dit rien de sa source, la bonté d’une action ne garantit pas son origine. Le voyant anticipe des événements prévisibles ou devine les désirs du consultant pour les conforter. S’il le fait en recourant à des « entités supérieures », il est en mesure d’obtenir une prévision plus grande.

 

 

Les raisons avancées par la foi

 

Dans la divination et la magie, ce sont des anges déchus (démons, ‘entités supérieures’) qui fournissent les informations concernant le passé ou l’avenir supposé du consultant. De même, le spiritisme n’entre pas en contact avec l’âme des défunts mais avec des esprits mauvais qui se font passer pour des défunts dont ils connaissent le passé. 

 

 

 

 
 

 

 

3. Qu’en dit la Bible ?

De manière solennelle, elle met en garde pour diverses raisons :

 

Allégeance à l’ennemi

Toute invocation magique est une manière de conclure un pacte avec les faux-dieux que sont les démons. L’homme qui recourt à la magie ouvre une porte au Malin et lui offre une possibilité accrue d’agir sur lui. Cette forme d’idolâtrie mène à l’esclavage : la personne devient de plus en plus dépendante de l’irrationnel et est manipulée par les peurs que l’irrationnel entretient en elle.

 

La peur

La peur rend esclave de comportements irrationnels et du recours superstitieux à la magie au point de paralyser certaines sociétés. La magie est bien un effet de l’action de l’Ennemi à travers une manière superstitieuse de penser. Le chrétien est avant tout un homme libéré de la peur et protégé de la pensée superstitieuse.

 

Perte de liberté, retour en esclavage

Nous sommes invités face à la montée des pratiques occultes à les considérer dans leur rapport à Dieu qui affirme : « Cela va t’abîmer ! Ce sera pour toi, un malheur ! ». Si Dieu a en abomination ces pratiques, c’est parce qu’au bout du compte elles privent l’Homme de sa liberté. Le voilà menacé par des forces qu’il pensait dominer. En attribuant un pouvoir divin à ce qui n’est pas Dieu, l’occultisme s’oppose dans son principe à Dieu.

Dieu veut nous protéger.

 

Tromperies

Chercher dans le monde de l’outre-tombe éloigne de la vérité et contrevient au premier commandement. Pour comprendre cette parole, il faut croire que Dieu est infiniment bon et que ses interdits sont sages. Il ne veut pas que nous soyons trompés. 

 

Danger de mort

L’Ancien Testament dénonce explicitement l’invocation des esprits. On ne trouve un bel exemple, dans le récit de l’invocation de l’esprit du prophète Samuel par le roi Saül. L’Écriture attribue le rejet et la mort de Saül à cette désobéissancei : « Saül mourut pour s’être montré infidèle envers le Seigneur : il n’avait pas observé la parole du Seigneur et de plus il avait interrogé et consulté l’esprit d’un mort. Il n’avait pas consulté le Seigneur, qui le fit mourir et transféra la royauté à David, fils de Jessé. » (1 Sm 28).

Plus tard, pour les mêmes raisons, les Apôtres et l’Eglise maintiendront cette interdiction (Ac). Non que Dieu veille faire mourir, mais décider hors de lui du bien et du mal y conduit. Ceci explique la sévérité du propos biblique quant à l’occulte, elle est à la mesure de l’enjeu : la mort de l’âme.

Quelques autres passages en ce sens :

  •  Gn 3, 4-5 
  • Exode 22, 1.17 
  • Lévitique 19, 26 
  • Lv 20, 6. 27 
  • Dt 18, 10-12 
  • 1 Ch 10, 13-14 
  • Isaïe 8, 19-20 
  • Jr 29, 8 
  • Actes 16, 16-18 

 

 

 

 

 

 
 

 

 

4. Qu’en dit l’Eglise ?

 

 

Un prix trop fort à payer

Il est naïf de croire qu’on peut manipuler le monde invisible, devenu ambigu, à son avantage. Cela a un prix fort, on ne bénéficie pas impunément des faveurs des démons sans que, tôt ou tard, la facture soit présentée. La pire étant la mort de l’âme.  Le spiritisme n’a jamais conduit quelqu’un à Jésus Christ.

 

Non à la curiosité malsaine vis-à-vis des savoirs interdits

Divination, évocation des morts, recours aux médiums et autres pratiques, ces savoirs sont supposés dévoiler l’avenir. La divination recèle une volonté de puissance sur le temps et notre histoire, elle pousse à vouloir se concilier des puissances cachées. Elle est en contradiction avec l’honneur, l’amour et le respect que nous devons à Dieu seul. (CEC 2016). L’attitude juste consiste à s’en remettre avec confiance entre les mains de Dieu et sa Providence pour ce qui concerne le futur et à abandonner toute (CEC 2015). 

 

Non à la recherche de pouvoirs interdits

Magie et sorcellerie que ce soit pour le bien (magie blanche mais aussi médecines dites traditionnelles) ou pour nuire (magie noire), naturelle ou démoniaque car ces diverses formes de magie recourent à des forces cachées par l’intermédiaire d’anges déchus.

 

Non à la superstition

Elle contraire à l’amour de Dieu, non à la pensée magique opposée à la vertu de religion et au premier commandement, qui « interdit d'honorer d'autres dieux que l'unique Seigneur qui s'est révélé à son peuple » (CEC 2117). La pratique spirite éloigne de Dieu, jusqu’à faire ressentir progressivement une répulsion pour les choses de la foi.