Portes d’entrée à l’action du Démon

 

Le Démon ne peut agir sans que nou l'ayons autorisé que ce soit consciemment ou inconsciemment. On distingue utilement deux catégories de porte ouverte : sans et avec responsabilité personnelle.  

 

Sans responsabilité personnelle

 

La cause la plus fréquente est un mal subi sans qu'il y ait un comportement à risque de la part de la victime. Celle-ci est innocente, il n’y a pas de responsabilité de sa part.

  • Blessures
  • Influences familiales
  • Maléfice
  • Sainteté

 

Blessures

  • Blessure de la vie intra-utérine et circonstances de la naissance ;
  • Blessure d’abandon ;
  • Maltraitance de l’enfance : abus sexuels, autoritarisme, etc.
  • Identification à des mensonges entendus et intériorisés  : ‘Tu es nul’, etc.
  • Blessure de la mère suite à un avortement.

 

Influence familiale

  • Contagion familiale : un milieu familial délétère (colère, violence, paroles de malédiction, pratiques occultes, etc.) relaie l’esprit du monde qui finit par influencer et engendrer une vulnérabilité à l’influence de l’Ennemi.
  • Le péché et la malveillance des aïeux vulnérabilisent la descendance : avoir été vendu ou consacré à Satan, etc.

Rejeter les esprits générationnels est l’une des raisons des exorcismes mineurs proposés dans la préparation au Baptême.

 

Maléfice

  • Quoi ? Il s’agit ici d’une malveillance : malédiction, maléfice, envoûtement, sortilège, mauvais sort, mauvais œil, quel que soit le nom. Une simple parole de méchanceté (‘Tu n’y arriveras pas !’, etc.) peut avoir le même impact.
  • Qui ? Cette malveillance est causée par un opérateur : sorcier, envoûteur, magicien, marabout, mage, rebouteux, etc.
  • Comment ? En sollicitant l’intervention d’un démon : le monde occulte est sollicité.
  • Pour quoi ? Le but est de nuire à quelqu’un, ce qui se réalise parfois par l’intermédiaire d‘un objet (ou un lieu) consacré à Satan. La démarche vise à malmener et détruire le destinataire à petit feu en touchant sa santé psychique ou physique, ses affaires, son travail, sa vie spirituelle, ses relations affectives ou familiales, etc.  

 

Classification des maléfices selon le moyen
  • Maléfice direct : empoisonnement obtenu par l’ingestion d’une nourriture ou d’un breuvage trafiqué. L’effet dépend moins des ingrédients que de la volonté de nuire par l’intermédiaire de l’Ennemi.
  • Maléfice indirect :
    • via un objet de transfert représentant ou ayant appartenu à la victime : par enclouage, par putréfaction, …
    • via un objet médiateur rendu maléfique et laissé chez la victime : voult ou figure de cire, fétiche, tresses de cheveux, couronne de plumes, etc.

Classification des maléfices selon l’objectif

  • Maléfice de séduction (magie rouge) : susciter l’amour, un retour d’affection ou la discorde entre deux personnes.
  • Maléfice vénéneux : empoisonner psychiquement.
  • Maléfice de ligature ou blocage : paralyser physiquement ou psychiquement une personne : confusion d’esprit.
  • Maléfice de domination ou possession.
  • Maléfice de putréfaction : qui tente de communiquer une maladie par l’intermédiaire d’un petit animal mort enterré à proximité de la victime.

 

Sainteté

  • L’action du Démon malmène des croyants sanctifiés en raison de leur amour du Seigneur ou du danger qu’elles représentent pour son règne (personnes appelées, fondateurs, etc.) : Saint Antoine, Thérèse d’Avila, Jean-Marie Vianney, Padre Pio, Marthe Robin, etc.

« Quand le Dragon vit qu’il était jeté sur la terre, il se mit à poursuivre la Femme qui avait mis au monde l’enfant mâle. Alors le Dragon se mit en colère contre la Femme, il partit faire la guerre au reste de sa descendance, ceux qui observent les commandements de Dieu et gardent le témoignage de Jésus. » (Ap 12, 13.17). L’Ennemi n’a pas de prise sur ces personnes, pourtant il les malmène. Etant en état de grâce, leur volonté reste unie à celle de Dieu.

Ce qui est enduré par certains contemplatifs est habituellement mal compris par leurs Supérieurs et confondus avec une purification passive, une nuit des sens, une nuit de l’esprit ou un problème psychiatrique. Pour les désespérer, l‘Ennemi tente de leur faire croire qu’elles lui appartiennent, qu’elles sont abandonnées de Dieu, damnées, etc. Elles restent sans aide, d’autant plus qu’une tactique du Diable est de les persuader qu’il ne faut pas demander de l’aide.

Les auteurs spirituels voient dans la permission que Dieu accorde à l‘Ennemi de malmener de saintes personnes :

1. L’opportunité d’une croissance supplémentaire en sainteté : progression dans les vertus, l’abandon en Dieu, l’obtention de plus grands mérites ou l’accomplissement d’une vocation particulière d’union à la Passion du Christ et à son combat au désert.

2. Une occasion d’humilier Satan qui n’arrive pas à détourner la personne de son chemin.

Dieu promet que la grâce ne leur fera jamais défaut pour vaincre.

Les questions qui se posent dans ces cas sont :

  • Est-ce que le mal vient de l’Ennemi ?
  • Est-ce que le mal vient de leur faute ?
  • Est-ce un combat passager où suffisent les moyens ordinaires ?
  • Est-ce un combat qui nécessite la démarche de l’exorcisme ?
  • Est-ce une vocation d’union à la Passion du Christ ?

 

 

Avec responsabilité personnelle

 

  • Endurcissement dans le péché
  • Syncrétisme, thérapies alternatives, superstition
  • L’engagement dans l’occulte :
    • Divinisation
    • Magie - Sorcellerie
  • Satanisme, pactes, cultes et sectes sataniques

 

L’action de Démon est rendue possible à cause d’un mal consenti, d’un péché. Certaines habitudes pécheresses constituent davantage un comportement à risque perçu par les esprits mauvais comme un invitation, un feu vert. Ces connivences finissent par constituer une alliance, fût-elle implicite, avec le Démon. Une fois la porte ouverte, le danger est grand de suivre les suggestions mauvaises sans plus de frein et de finir par en être dominés. Ces personnes se retrouvent, à ce stade, empêchées d’agir selon le bien.

 

Moindre risque

 

Endurcissement dans le péché et les péchés intentionnels

Le péché répété, volontaire, dont la matière est grave (telles les dépravations sexuelles organisées, la tromperie habituelle, l’avortement, la fornication, la pornographie, la curiosité, l’orgueil, le refus de pardonner, la haine entretenue, etc.) rend esclave des passions et de l’Ennemi. « Qui commet le péché est esclave du péché. (Jn 8, 23). L’asservissement empêche de se relever : « On est esclave de celui par qui on se laisse vaincre » (2 P 2, 19).

Pécher est devenu une addiction, d’autant plus tyrannique que la conscience enténébrée n’aperçoit plus la gravité de la situation et n’y oppose que peu de résistance. Au lieu de fermer la porte, on offre à l’Ennemi la clé pour entrer. L’Ennemi tient le pécheur habitudinaire sous son contrôle bien plus qu’un pécheur ordinaire, car il divise davantage le psychisme. Le divorce entre la volonté et la sensibilité s’accentue. La lutte contre l’Ennemi sera plus rude et incertaine.

Les relations sexuelles illicites créent un lien d’âme. En se laissant dominé par sa sensualité, l’homme est atteint dans sa dignité, cette déchéance blesse l’estime de soi.

Lorsqu’une personne est liée à un péché, il y a généralement une source plus profonde : une blessure d’abandon, par exemple.

Lorsque nous péchons, nous nous comportons comme les démons et cela leur ouvre la porte.

 

Syncrétisme, thérapies alyernatives, superstition

La peur indue de Satan et des démons leur signale un terrain favorable à leurs manigances. Il en va de même pour les fausses religions, surtout lorsqu’elles sont vécues dans un contexte d’idolâtrie. Pensons à certaines techniques de méditation transcendantale, à l’athéisme militant et sectaire, au syncrétisme du New Âge.

 

Haut risque

 

L'engagement dans l'occulte : divination et magie

Il peut s’agir :

  • D’un engagement actif : opérateur. Par l’exercice ou la recherche de savoirs ou de pouvoirs qu’on appelle occultes, cachés, paranormaux, interdits. Ces démarches exposent grandement au risque d’influence maléfique.
  • Il en va de même pour l’engagement passif : consultant.

Il est bon de savoir que les opérateurs ne sont souvent que des charlatans et non de véritables ministres du Démon. Ces faux exorcistes (désenvoûteurs, etc.) qui en font profession se reconnaissent à ce qu’ils suscitent ou renforcent la peur, la jalousie, la curiosité, les divisions et la haine. Il se font aussi rémunérer. Ainsi, il est aisé de distinguer les vrais pompiers des incendiaires qui allument le feu pour pouvoir exercer leur talent de pompier ! Il n’est pas sûr que l’Ennemi réponde aux sollicitations d’un charlatan qui ne pense qu’à s’enrichir sans lui rendre un culte.

 

Très haut risque

 

Satanisme

La ‘philosophie’ du satanisme repose sur trois points [1] :

  1. Faire ce que l’on veut ;
  2. N’obéir à personne ;
  3. Être à soi-même son propre dieu.

 

Pactes, cultes et sectes sataniques

Rendre un culte à Satan est une tentation que Jésus a déjouée pour nous au désert : « Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » (Mt 4, 1-11). Une personne accepte un pacte et se voue au Démon en échange d’un bien matériel, affectif, intellectuel, d’un pouvoir paranormal, etc. Satan a essayé d’arracher à Jésus un acte d’adoration. Le pacte donne un pouvoir au diable sur la personne qui lui a vendu son âme. Lui-même ne se sent nullement contraint par le pacte. Il peut la tourmenter de diverses manières surtout en cas de rupture du pacte. Satan n’a pas d’amis, il n’a que des esclaves. Des membres « engagés » dans l’Eglise peuvent avoir contracté un pacte avec l’Ennemi [2]. La puissance d’un pacte tient aussi au fait que le signataire pense désormais être irrévocablement damné sans possibilité de rachat. 

 


[1] Selon Don Amorth « J’ai rencontré Satan » EdB 2016

[2] Chenesseau René, « Journal d’un exorciste », éd. Bénédictines – 2007, p. 22